Chapitre VII (Première Partie)
Chapitre 7 : Le Céleste Tribunal
Gabriel régla son compte à la porte récalcitrante de la BMW en
quelques secondes, après quoi il invita ses compagnons à monter à bord
en adoptant pour l’occasion une parfaite imitation de voix d’hôtesse
d’aéroport. L’imitation qui amusa les démons ne servit pour Athael qu’à
lui faire hausser les yeux au ciel.
- Je me demande sérieusement comment tu as pu acquérir ce rang Gaby
tu sais. Plus je te connais, plus je me dis que l’Autre t’aurait
accepté En Bas avec un ou deux accessoires gothiques en plus.
- Ptêt, mais Lulu se prend un peu trop la tête pour moi. Et puis tu
sais, ça ne fait que deux mille ans que j’ai un peu dérapé, depuis Miss
Marie en fait. Les années cinquante n’ont rien arrangé à la donne.
Mal’Hora et Nybalkiusdee eurent quelques difficultés à ne pas
s’étouffer de rire à la mine outrée du chérubin. Que l’un des archanges
de Dieu désigne le Diable en personne sous le surnom de Lulu était tout
simplement délicieux, quant à son appellation de la Sainte Vierge… De
plus tous deux venaient de se faire une image de Gabriel dans les
tenues psychédéliques du milieu du vingtième siècle, et l’image était
elle aussi succulente. Oui, comme l’avait dit Athael, Gaby aurait eu sa
place aux Enfers.
Le chérubin s’assit à l’avant pour guider la succube sur le
périphérique et les nationales conséquentes pour atteindre leur
objectif. Vers trois heures du matin, ils n’eurent aucun problème
d’embouteillage et filèrent à une vitesse impressionnante vers la
petite ville bourgeoise de Verneuil sur Seine.
Ils se garèrent au petit matin dans le parking de la Poste avant de
se diriger non sans une certaine réticence en ce qui concernait
Mal’Hora vers la petite église romane de St Martin. Cette dernière
n’avait en rien une apparence aussi majestueuse ou imposante que celle
d’une cathédrale, encore moins le caractère intimiste d’une chapelle ou
d’un confessionnal. Elle n’avait rien de particulier en fait. Une
simple église de banlieue. Un toit aux tuiles oranges et rouges. Pas
franchement belle.
- Moche, lâcha la succube.
- Mais chaleureuse lors des veillées de pâques je peux te l’assurer, remarqua Gaby d’un ton guilleret.
- Tu viens ici souvent ?
- Pour prendre des nouvelles d’Ath. Il n’est pas très sociable, et
en plus il a tendance à… enfin bon… à faire des bêtises parfois.
Son ton s’était aggravée. Ses sourcils se fronçaient lentement sur
son front clair, étrange figure de sévérité sur un visage pourtant
d’ordinaire sans arrêt plein d’enthousiasme et de frivolité. Avant
d’entrer dans l’église, il passa son bras sous celui de la jeune femme,
en retrouvant un sourire plein de malice. Il frappa deux trois fois et
attendit. Pas un bruit outre l’écho de ses coups ne lui répondit. Il se
pencha lentement.
- Je crois que nous sommes un peu en avance sur l’horaire de notre mariage ma chérie…
Mal’Hora éclata de rire. Elle tendit la main vers la poignée dorée
et sentit soudain son cœur arrêter de battre dans sa poitrine… !
Le Marionnettiste